Avant de me plonger je ferais n'importe quoi
Marché, lessive, vaisselle, ménage
Et même un peu de repassage
Pour ne pas être seule avec moi.
Je fixe le papier terriblement blanc
Identique à mon visage angoissé
Je sais que c'est fini la récré
Et je prends le crayon brûlant
Une fois que je commence
La vie est finie
Je fouille dans l'oubli
Patience et urgence.
Lire et écrire, éd Lo Païs
Susie Morgenstern
Une rentrée tardive
au bout d'un été long, maritime,
breton, atlantique,
nantais, parisien...
Il a été ensoleillé, fleuri, mouillé, créatif, découvreur,
avec des expos, des livres, des films.
Enfin, il a été familial, amical, tranquille
et bleu, très bleu
Le bleu des agapanthes et celui de l'océan.
Le bleu indigo de l'écharpe
tricotée aux heures chaudes,
face aux îles. Clapotis, pieds dans l'eau.
Quelques poignées d'heures
et 4 pelotes de Cabotine de chez PH*.
Un exercice de style, pour une écharpe
mélange de points et de rayures.
Pas de modèle mais une grosse torsade centrale
et des points pris comme d'habitude
dans le 400 points de tricot MCI.
46 mailles, aiguilles n°3,5
Tricoter en côtes 4/4 pendant 5 cm (style bas de pull)
et continuer en centrant une torsade croisée sur 14 mailles :
16m end - 3m env - 8m end (torsade) - 3m env - 16m end
La torsade, la plus simple qui soit, se fait sur 10 rangs avec un croisement
sur le 5ème rang en alternance gauche/droite) :
Torsade croisée à droite :
1 m lisière - 15 m end - 3 m env - 8 m croisées sur la droite (glisser 4 m sur une aiguille auxiliaire placée derrière le tricot et tricoter les 4 suivantes à l'endroit. Reprendre les 4 m et les tricoter à l'endroit) - 3m env - 15 m endr - 1m lisière
Torsade croisée à gauche :
1 m lisière - 15 m end - 3 m env - 8 m croisées sur la droite (glisser 4 m sur une aiguille auxiliaire placée devant le tricot et tricoter les 4 suivantes à l'endroit. Reprendre les 4 m et les tricoter à l'endroit) - 3m env - 15 m endr - 1m lisière
Il n'y a plus qu'à laisser monter le tricot, en alternant des points fantaisie : semis ajouré, point de riz, point mousse, points dentelle...
Finir par 5 cm de côtes 4/4 et un petit blocage léger pour ne pas écraser les reliefs.
La mienne mesure 1, 80 mètre.
Reste à l'enrouler autour du cou
et à se rendre au phare par le chemin côtier,
si près qu'on pourrait le toucher en tendant la main
si loin qu'il touche le ciel certains jours.
Chaque matin je passe devant lui à quelques mètres de la maison. Nous lui disons bonjour/ même s'il est parfois invisible/dans la brume. Les navires/aimantés par ses feux, remontent vers l'estuaire/Lui se penche vers eux/pétroliers, cargos, vraquiers, porte-containers...
Ils attendent au large que le pilote de Loire monte à bord. Bientôt les hommes vont descendre à quai. Pour quelques jours souvent une nuit ou deux. Au bord d'un nouveau continent, ils découvrent cette étrange familiarité que ressentent les marins dans tous les ports. Les odeurs de fuel et de sel, les cris grinçants des grues et des goélands, les cafés alignés/plus loin. Et puis, les bénévoles du Seamen's club. Un homme, une femme, pour accueillir, dans un conteneur, une cabane, un appartement, tous les ports possèdent un foyer, un abri du marin, pied-à-terre éphémères pour des marins de toutes nationalités. Ils y partagent des instants d'escale, entre deux mers. Voyages immobiles et individuels où chacun tente de reconnecter avec les autres, avec les siens. Au Seamen's club, on peut boire un café, acheter des cartes de téléphone pour l'étranger, trouver un accès internet, faire un baby, lire les journaux. Skype, Facebook, Yahoo Messenger sont les outils de partage.
Une magnifique expo nous a fait partager le coeur du quotidien de ces marins qui naviguent pendant de longs mois pour deux à trois jours d'escale. Ils se disent désocialisés, coupés des autres. C'est Skype qui leur permet de communiquer avec leur famille, quand le faisceau est là.
Des installations vidéos, des enregistrements, des écrans gigantesques, des lieux plus intimes... la scénographie est impressionnante. Nous sommes immergés au creux des regards perdus, émouvants / envahis par des mots désabusés. Des vies rudes. Le gigantisme des bateaux a éloigné les ports des villes et ces hommes sont comme échoués sur les quais. Ils font l'expérience de l'éloignement, de la solitude, de la langue. Ils sont les nouveaux migrants de la globalisation des échanges.
1h30 à 2h00 de visite au rythme d'une vie à bord et à terre monotone, interminable, solitaire. Les Seamen's club offrent un foyer dans ces non-lieux.
© Marc Picavez
Photographies, vidéos, casques pour s'isoler avec les voix de ces hommes, des écrans géants juxtaposés, des informations chiffrées au sol qui nous renvoient aux enjeux mondiaux qui régissent la vie de ces hommes.
Un projet de Marc Picavez, cinéaste, à la hauteur du lieu, du port et de la ville qui permet de construire du/des récits à travers /au bout du regard de ces hommes et de leurs fragments de vie. Magnifique.
A voir au LIFE, à Saint-Nazaire
Des nuits blanches/une rentrée étrange cette année
et du bleu encore.
La poule a sorti un livre de tricot
Alors, pour démarrer, un châle à torsade sympa à tricoter
un montage avec marqueurspour des torsades
qui longent les trois bords de l'ouvrage.
Alpaga et plumette bleu indigo
A suivre
Je ne peux pas me penser en dehors d'Y.
De ses rues, ses magasins, ses habitants.
Il n'y a pas pour moi d'autre monde.
Tous les propos contiennent Y.
A. Ernaux